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liaisons dangereuses

La Proie du Papillon de Stéphane Soutoul

Par Le 06/03/2016

 

Ma Note 5/5

" Passion Transgression Expiation "

 

 Ce billet comprend 3 bonnes raisons de lire ce roman, la Couverture et le Résumé, un Extrait, mon avis avec un mini-résumé plus personnel et toutes les Infos. qui valent le coup. 

 

 

 

Bonne lecture et pensez s'il vous plaît à laisser une trace de votre passage via les commentaires! 


3 bonnes raisons de lire cette histoire

* Machiavélique. 

* Torride.

* Funeste.


La proie du papillon couv

« Quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, elle manque rarement de trouver l’endroit sensible, et la blessure est incurable. »
Pierre Choderlos de Laclos

Sulfureux. Indécents. Mortels… 
Avez-vous déjà entendu parler des Fils d’Éros ? On prétend à mi-voix que ces professionnels de la séduction joueraient avec les sentiments et bouleverseraient la vie de leurs victimes.
Judith de Ringis est une femme d’affaires aussi douée qu’impitoyable. Pour se débarrasser d’une concurrente gênante, elle requiert les services de l’un de ces mercenaires. Marco, dit le Papillon, s’engage à briser sa proie.
Cependant, manipuler les choses de l’amour n’est jamais simple, surtout quand les plus redoutables prédateurs se révèlent, eux aussi, capables d’émotions…

 


 Extrait

« La pluie diminua enfin et les grondements du tonnerre s’espacèrent. La fureur de l’orage se calmait. Rien à voir avec la fièvre et le trouble qui me consumaient de l’intérieur. Pour la première fois de ma vie, je percevais un homme autrement qu’en vulgaire objet sexuel avec une date limite de consommation. Comme cela était difficile d’exprimer les sentiments inédits qui me submergeaient en sa présence. Des liens étroits et indescriptibles nous unissaient. Marco et moi, c’était désormais à la vie, à la mort. »

(Page 294)                                            



Mon Avis

Ce qu’il faut retenir :

Judith de Ringis est une femme d’affaires pleine de noirceur qui n’a aucun sens moral, aucune pitié, seuls ses désirs comptent. Sa vie serait parfaite si Annie Laurens, amie depuis l’université qu’elle a en réalité en horreur, ne lui faisait pas de l’ombre. Généreuse, honnête et maman d’un petit garçon, quasi tout réussit à Annie, même professionnellement sauf dans sa vie privée. Cela tombe bien pour Judith qui fait alors appel à la mystérieuse organisation secrète des Fils d’Éros, plus précisément à Marco. Dit le Papillon, le magnétique Marco a pour mission de séduire Annie pour mieux l’exterminer en échange d’une grosse somme d’argent, peu importe qu’Annie ait un enfant. Tandis que le magnifique Marco excelle dans son art de la manipulation et des jeux de séduction, Judith se découvre des sentiments longtemps refoulés lorsqu’elle se trouve au contact du Papillon. Prédateur tout comme elle, sans scrupule, sans limites, le désir de le posséder la titille. Jusqu’où le jeu du Papillon peut-il mener face à une jeune femme aussi diabolique que lui ?      

 

Mon ressenti : 

Voilà une lecture qui une fois terminée m’a fait passer une nuit blanche tellement j’étais frustrée d’avoir dévoré si vite le roman. C’est la deuxième œuvre que je lis de Stéphane Soutoul (son premier livre et celui-ci) et mon coup de cœur pour sa plume reste intact, je crois qu’il peut m’embarquer où il veut, je lui fais totalement confiance.    

    Le résumé de la Proie du Papillon fait penser aux Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos et il se trouve que j’en avais étudié les adaptations cinématographiques durant mes études de cinéma (versions de Vadim, Forman, Frears). Plan par plan… Livre comme films sont intéressants mais le décor et l’époque sont trop différents de notre histoire qui se déroule de nos jours et à New York. J’ai plutôt imaginé dès le début l’héroïne, parfaite business woman puissante et intouchable en l’actrice Sarah Michelle Gellar (dans Sexe intentions, film qui est la version la plus moderne des Liaisons dangereuses, ça tombe bien). Ainsi, il faut savoir que mon avis n’est pas dans la comparaison, mais que ma lecture s’est faite naturellement avec l’histoire de Laclos en tête, ce jeu diabolique entre prédateurs et proies. Je le précise car j’ai vu défiler de brèves critiques où la découverte du roman semblait totale, inédite. Si vous ne connaissez pas Laclos (confidences sous forme épistolaire entre deux libertins) ou ses adaptations, attention avec mon ressenti qui pourrait peut-être vous spoiler. Je trouve qu’à l’effigie du papillon (titre et couverture), Stéphane rend un bel hommage, il a tissé une intrigue en référence à celle de Laclos puis a pris son envol vers notre temps, avec nos préoccupations et nos valeurs morales actuelles. Sans parler de quelques critiques sur notre société. C’était une idée aussi brillante que réussie !

    Le livre au titre si bien choisi revête une couverture belle et sobre. Les chapitres sont nombreux ce qui crée une vraie addiction avec l’impossibilité de retourner dans les obligations du quotidien. J’ai adoré ce récit où les sentiments sont si ambigus, c’en était enivrant, tellement de suspense, de sensualité. Je ne sais pas si tous les livres de Stéphane Soutoul ont tous ce pouvoir attractif mais cela va faire deux fois que je tombe sous le charme. Le style est si fluide, si précis, si évocateur. À chaque fois qu’il est question de séduction ou de manipulation je suis happée par les mots, la scène s’imprimant dans mon esprit de manière si détaillée. Même les actions torrides étaient réussies, excitant les sens. Comme quoi il est possible d’écrire de l’érotisme sans être vulgaire et je n’en attendais pas moins de l’auteur. À noter que ce dernier a un vrai talent pour décrire les sensations féminines…

    J’en viens alors à notre héroïne, Judith. Elle est la parfaite « garce », antipathique dès les premières pages. Le contrat qu’elle passe pour éliminer sa rivale est d’une froideur incroyable. Rivale qui a un petit garçon, qui plus est. Oui Judith m’a dégoutée mais paradoxalement elle m’a plu et c’était à mon sens le véritable enjeu dans cette histoire. Comment rendre humain le pire de l’humanité ? Être dans la tête de cette femme, découvrir ses pensées les plus avilissantes mais aussi les plus troublantes, j’avais l’impression de faire du voyeurisme, c’était excitant de la suivre. J’ai aimé la traiter mentalement de tous les noms, la détester jusqu’à un retournement de situation où je me suis rendue compte qu’elle m’inspirait surtout de la pitié. Pourquoi ? Parce que derrière cette manipulatrice sans sens moral, l’accent est marqué sur sa solitude tout comme son impatience qui est une sorte de malédiction. Judith est une héroïne qu’il vous faut connaître, elle empreint les esprits, son personnage est si original et profond qu’on ne le trouve pas dans d’autres romans. 

    Puissante mais seule, il fallait quelqu’un qui ressemble à Judith, on en prend conscience bien avant elle : Marco est son âme sœur démoniaque, ces deux-là jouent dans la même cour. Cependant, j’ai tendance à penser que Judith a cette honnêteté d’être comme elle est, là où Marco le Papillon reste mystérieux et séduisant alors qu’il est aussi malfaisant. Judith fait tomber le masque, pas lui. J’ai été conquise par son charme malgré son jeu qui n’est pas double mais triple ou plus si c’est possible. Marco est si difficile à cerner que je n’ai pas ressenti son magnétisme de manière aussi hystérique que certains personnages dans le roman mais il a des atouts qui valent le coup… Toutefois, l’organisation des Fils d’Éros à laquelle il appartient est floue du début à la fin, j’aurais voulu en savoir plus. En effet, ils sont tous cachés dans un bar et font leur culte, Judith se confronte à eux, les décrit comme beaux et dangereux oui mais quoi d’autre ? C’est peut-être mon unique bémol, j’aurais apprécié en connaître davantage sur eux, leurs motivations, l’ampleur de leurs pouvoirs, les autres cellules dans le monde. J’avais l’impression que Marco travaillait avec/pour eux mais plus comme un prestataire qu’un adepte.  

    Enfin, j’étais avide de lire l’évolution des sentiments de l’héroïne. Comment ce qu’elle pensait contrôler allait-il se retourner contre elle ? Tout en me délectant d’observer Marco attirer toutes ces femmes dans sa toile, volontaire ou non. De toute manière, lui et Judith sont du même acabit alors les regarder se tourner autour c’était ce qui était le plus appétissant. On ne sait pas comment ils réagiront, leurs limites, leur imprévisibilité. Entre Judith qui chute sensiblement sans s’en rendre compte et l’attraction de Marco qui manipule ses proies que sont les femmes, j’ai passé un moment génial, chamboulée d’émotions contradictoires. Même aujourd’hui quand j’écris mon avis je n’arrive pas à avoir le mot précis sur ce que j’éprouve, le dénouement fait mal, totalement déroutant. (…) Fin du spectacle. C’est si dramatique que je n’ai pas applaudi, je vous laisse découvrir comment le piège se referme, comment le mot « machiavélisme » prend un nouveau sens lorsqu’on referme cet ouvrage. Toutes les explications finales en ce qui me concerne étaient un petit plus, utile ou non, ils renforcent la trame dramatique, plus d’hésitation sur nos doutes.

En bref, j’ai dévoré ce livre qui fait honneur aux Liaisons dangereuses de Laclos. L’héroïne, parfaite garce est marquante. Marco séduisant et chaud à souhait, mène avec elle une danse aussi endiablée que maudite dont j’ai adoré voir l’évolution. Le cadre de New York s’y prêtant à merveille. Quel duo d’enfer ! Une chute attendue qui ne m’a pas déçue. Pas de surprise sur les rebondissements, mais je n’avais pas le souhait d’inédit, je savourais l’histoire comme elle venait, voilà tout, sans vulgarité, sans fioritures. C’était fluide, percutant et déroutant. Un écrit de Stéphane Soutoul est une valeur sûre.

 


 

Infos sur le livre

  

La Proie du Papillon de Stéphane Soutoul, 416 pages chez Pygmalion (Flammarion), sorti le 10 février 2016. 

 

Sites intéressants:

  • Site de l'éditeur: ICI
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  • Site de l'auteur: ICI
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